La Banque Centrale Européenne s’interroge depuis quelques temps sur la pertinence du maintien du billet de 500 euros. Il semblerait que ces derniers jours, les arguments en faveur dudit maintien de la plus grosse coupure disponible dans les 19 pays du bloc monétaire soient « de moins en moins convaincants » selon un cadre de l’institution.
Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, explique pourquoi ce retrait a été initialement envisagé : « Les autorités compétentes soupçonnent de plus en plus qu’ils soient utilisés à des fins illicites, un argument que nous ne pouvons plus ignorer. »
Effectivement, l’Union Européenne a décidé ces derniers mois de renforcer activement ses actions visant à lutter contre le financement du terrorisme et le rôle des billets de 500 euros dans la corruption et le financement d’activités illégales a donc été observé de près. Le constat ne laisse aucun doute : l’argent sale est souvent constitué de billets roses. De fait, il permettent de déplacer d’importantes sommes d’argent de manière relativement discrète.
Pourtant, les coupures de 500 euros ne représentent que 3% du nombre de billets en circulation, mais cela équivaut à 28% de leur valeur cumulée selon la Banque Centrale Européenne.
Qui prendra la décision finale ?
Après analyse, il reviendra au conseil des gouverneurs de la BCE de décider de l’avenir du billet de 500 euros. Ce conseil se compose des six membres du directoire de la Banque Centrale Européenne et des dix-neuf gouverneurs des banques centrales nationales.
La décision n’est pas facile à prendre et les avis d’experts sont parfois divergents. Ainsi, Friedrich Schneider de l’université de Linz en Autriche pense que « les représentants du crime organisé ne sont pas idiots, le blanchiment d’argent se fait depuis longtemps essentiellement par le biais d’entreprises fictives, et de manière dématérialisée ». Ce n’est pas faux.
En Allemagne, ce que l’on craint si la grosse coupure disparaît, c’est la disparition des paiements en espèces. On se rappelle en effet que c’est sous la pression de l’Allemagne entre autres que le billet de 500 euros avait été créé, l’Allemagne souhaitant ainsi remplacer à l’époque son billet de 1000 Deutschmarks. Un débat fait d’ailleurs rage actuellement en Allemagne sur le plafonnement de ces mêmes paiements en liquide.
D’autres observateurs pensent pour leur part que la BCE en supprimant le billet de 500 euros recherche un effet secondaire bénéfique qui serait de limiter la possibilité de thésauriser de larges sommes sur de petits espaces ce qui pourrait stimuler la circulation de l’argent en zone euro.
Le suspense prendra fin très bientôt.