Le marché de l’art : attention, danger !

Il peut sembler séduisant de devenir investisseur dans le domaine de l’art : courir les galeries et les vernissages à la recherche d’œuvres au potentiel immense dont la revente rapportera un petit magot, voilà certes un programme alléchant. Larry Fink, Steve Cohen et quelques autres collectionneurs du même cercle restreint vous encouragent d’ailleurs en ce sens : « Aujourd’hui, les deux sources internationales génératrices de richesses sont l’art contemporain – et ce n’est pas une blague, je considère l’art comme une catégorie sérieuse d’actifs. Et deuxièmement, l’immobilier résidentiel à Manhattan, Vancouver et Londres » selon Larry Fink.

De telles déclarations doivent toutefois être modulées et détaillées, car elles ne s’adressent qu’à celles et ceux qui ont plusieurs dizaines de millions de dollars à leur disposition et ne seront donc pas trop déstabilisés de les perdre purement et simplement. Effectivement, les messieurs mentionnés précédemment peuvent se permettre d’acheter une oeuvre d’art et d’attendre plusieurs années que le bon moment de la revendre soit venu, moment qui peut aussi ne jamais survenir, la perte étant dès lors totale.

Car oui, être investisseur en art comporte de nombreux risques et même les experts en la matière connaissent de grands revers. Il est bon ici de rappeler que l’oeuvre en tant que telle n’a pas de valeur intrinsèque, elle ne peut pas être évaluée comme on le fait d’une voiture ou d’un bâtiment. La mode, les goûts et les envies des plus fortunés sont les seuls baromètres dans ce secteur séduisant, mais miné.

Bien connaître le milieu avant de s’y aventurer

Le marché de l’art est dominé, comme tout marché, par une poignées d’acteurs majeurs qui y sont respectés et en connaissent tous les codes. La seule option pour se faire une place parmi eux est tout d’abord d’acquérir une vaste connaissance des mécanismes de ce secteur prisé, mais risqué.

Imaginons donc que vous souhaitez vous lancer et acquérir quelques oeuvres d’art pour débuter.

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La première personne à contacter est un conseiller en art qui saura vous indiquer si une oeuvre vaut la peine d’être acquise et si sa valeur risque d’augmenter ou de chuter au cours des prochaines années. Les honoraires de cette personne sont souvent calculées selon un pourcentage du prix de l’oeuvre. C’est une première négociation à mener.

Il se peut aussi que ce soit lors d’une vente aux enchère que soit repérée la perle rare. Il vous faudra alors dans ce cas payer la fameuse « prime de l’acheteur », une taxe versée à la société qui organise la vente. C’est ici encore un pourcentage qui fait office de règle de calcul; on parle de 10 à 25 % du montant de l’offre finale.

Si, pour éviter cela, vous pensez opter pour un marchand d’art, il n’y aura pas de taxe en effet, mais celui-ci appliquera une majoration, donc au final, cela reviendra exactement au même.

Autres frais à prévoir, les sommes à débourser pour l’assurance de l’oeuvre, son expédition, son installation, son entretien (encadrement, etc…) et quelques autres charges connexes.

Revendre : Quand ? Comment ?

Donc, vous voici en possession d’une ou de plusieurs oeuvres. On doit pouvoir vérifier en tout temps que vous en êtes bel et bien le propriétaire et que vous avez bien en main le titre de propriété de celles-ci. Retracer la provenance exacte de l’oeuvre est aussi indispensable pour éviter les mauvaises surprises. Connaître avec exactitude l’histoire de la création de l’oeuvre ainsi que les étapes majeures de sa vie est un gage de valeur, mais permet aussi le moment venu d’effectuer une meilleure vente, l’argumentaire ayant ici toute son importance. Il est possible que l’avis d’un expert soit requis à ce moment-là, il faut alors penser aux honoraires de celui-ci.

Commence ensuite une période plus ou moins longue d’attente durant laquelle vos millions sont littéralement suspendus au mur pendant qu’une partie de votre fortune passe en primes d’assurance et que vous scrutez le moment ou l’artiste à l’origine de votre oeuvre d’art sera en vogue et ou votre bien prendra considérablement de la valeur. Il faudrait en effet, pour bien faire, que le prix de revente couvre le prix d’achat, plus l’ensemble des frais déboursés et qu’il se dégage après cela un léger bénéfice. Ce n’est pas gagné !

Lire dans l’avenir

À part peut-être si l’œuvre achetée est celle d’un artiste souvent cité dans les livres d’histoire, savoir combien vaudra une oeuvre d’art dans quelques années est un jeu de casino. De plus, il faut la mettre véritablement en vente pour savoir combien chacun est prêt à débourser pour l’acquérir, les promesses déclarées en période de prévente n’étant… que des promesses.

Il y a bien quelques indicateurs comme les prix de ventes d’autres oeuvres du même artiste, mais là encore, il ne faut pas prendre cela pour « argent comptant », toutes les oeuvres de Léonard de Vinci ne sont pas La Joconde.

Terminons en précisant que si une œuvre mise aux enchères n’atteint pas le prix de réserve défini par la maison de ventes, alors la procédure est annulée. Cela n’est bien sûr pas une très bonne nouvelle pour l’oeuvre et son propriétaires qui devront alors attendre quelques années avant de faire une nouvelle tentative.

Si, en désespoir de cause, vous laissez votre oeuvre à un revendeur, ce dernier négociera un prix à rabais.

Tout ceci étant dit, si vous avez l’oeil, de bonnes connaissances en art et quelques dizaines de millions d’avance, pourquoi ne pas tenter votre chance ?

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